Je suis née à New York, dans une famille mélomane; il était facile d’aller au Broadway, à l’opéra, aux concerts dans les grandes salles, et nous y allions, souvent. Ma grande sœur a décidé que je devais savoir lire la musique, comme elle, et jouer du piano, comme elle, et très tôt je l’ai suivie, et tant pis si je m’endormais sur mon petit tabouret lors des présentations sur la grande musique que faisait Madame Petrucelli le samedi après-midi…je jouais mon petit morceau, un grand bonheur, facile. C’était agréable de jouer du piano, mais ce que je voulais, c’était de chanter. Mme. Petrucelli m’a dit que le piano était de loin supérieur au chant, puisque au piano on faisait la mélodie et l’harmonie. Cependant, le chant était réellement ma passion.
Petite, heureuse de jouer mon morceaux devant les autres élèves, mon professeur, les parents, dans ma jolie robe, me donner au public et partager la musique m’était naturel. Ce n’était que quelques années plus tard, « l’âge de raison » passé, que j’ai découvert le trac, versatile et imprévisible, avec un trou de mémoire. Timide, sélectionnée à chanter le rôle principal au spectacle en CM2, j’étais un peu comme en trance en chantant, la première surprise par le flot d’applaudissement.
Au fil des années d’expérience de concerts, de travail vocal, d’auditions, j’ai appris combien complexe est la voix, et l’acte de la montrer, de la dévoiler aux autres. D’accepter la place qu’elle prend, son ampleur, sa capacité de révéler les émotions, la beauté, mais aussi la laideur.
Cette prise de conscience grandissante m’a attirée vers l’exploration du psychisme de la voix et son rôle dans l’histoire du corps/esprit. Ma rencontre avec le travail de Kristin Linklater, exposé dans son livre Freeing the Natural Voice, fut décisive dans l’évolution de ma recherche. J’ai trouvé dans sa méthode une richesse inépuisable de réponses aux questions et dans sa progression rigoureuse d’exercices, des moyens sûrs pour résoudre des problèmes complexes qui peuvent rendre l’acquisition d’une voix libre si difficile et frustrante.
Cependant le travail pour libérer la voix nous met tôt ou tard en face des habitudes de l’usage du corps, intimement lié à notre vie à tous les niveaux. Dans l’œuvre de F. Matthias Alexander, connue sous le nom de la Technique Alexander, le chanteur trouve un chemin qui mène à une liberté non seulement de la voix, mais une invitation à la légèreté, la simplicité, l’efficacité, et la liberté du fonctionnement global.